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Avant-propos
A peine la guerre a-t-elle démarré que la plupart des gens pensent qu’elle va rapidement se terminer. Nombreux sont ceux qui se souviennent encore des déclarations de 2003 que fit le secrétaire américain de la Défense Donald Rumsfeld, à la veille de la guerre en Irak, guerre qui dura huit ans: « Il nous est impossible de prévoir la durée de ce conflit,… six jours, six semaines, six mois au plus. » Le vice-président, Richard Cheney, épousa cet avis : « cela ira relativement vite, ... des semaines plus certainement que des mois. » Walt Whitman appréhenda le début de la guerre de Sécession du même oeil, comme nous avons déjà pu le lire, la semaine dernière. Tout comme les États-Unis avaient déclenché la guerre en Irak et que l'un des conseillers du président avait allègrement présagé que « …ce serait du gâteau… », la plupart des observateurs, qu'ils soient du Nord ou du Sud, prédirent que la guerre de Sécession serait brève, sans accrocs et qu’elle prendrait fin quelques semaines plus tard, voire même quelques jours après. « Un fonctionnaire haut placé et prudent », rappela Whitman, « a prédit que tout rentrerait dans l'ordre, ‘d’ici soixante jours’ et presque tous crurent cette annonce. » Les récits de la guerre de Sécession sont truffés d’histoires de personnes qui préparèrent un pique-nique pour s’installer sur les collines et observer la bataille de Bull Run, et qui furent horrifiées et choquées en voyant les troupes du Nord battre en retraite vers Washington. « Où sont les fiers-à-bras et leurs insolentes promesses faites avant le départ ? » demanda Whitman après cette bataille ; « Qu'avez-vous fait de vos bannières ? Où sont vos fanfares ? Où cachez-vous les cordes qui devaient ramener les prisonniers ? Ainsi donc, aucun orchestre ne joue ? Ne reste qu'un frêle et honteux drapeau qui s'accroche a son mât. »
Un an et demi plus tard, Whitman, au front, à Fredericksburg, en Virginie, là pour soigner son frère George, soldat et blessé, s’interrogeait quant à la durée de ce sanglant bourbier. Absent des champs de bataille, comme la plupart des Américains, Whitman passait du temps à lire quotidiennement la liste de plus en plus importante des morts que les journaux imprimaient — les morts et les blessés qui grossissaient les listes qui au fur et à mesure se transformaient en catalogue de noms d’amputés et de défunts, noms qui, hier encore, représentaient des jeunes gens désormais arrachés à la vie. La mort par milliers rend chacune anonyme. Impossible de collecter tous les noms et tous les visages: pensez aux larges dalles noires du Mémorial du Vietnam à Washington, DC, et ses interminables rangées de noms. Ce mémorial donne une idée de ce que les Américains ont vécu lorsque, pendant la guerre de Sécession, le journal arrivait, chez eux, leur livrant, chaque jour, ces listes de noms privés de leurs vies.
Ce fut sur l’une de ces listes de victimes dans le New York Herald que Whitman reconnut le nom de son frère George, le nom lui-même déformé (« Whitmore » au lieu de « Whitman ») tout comme le soldat qu’il représentait, et qui conduisit Walt au champ de bataille de Fredericksburg et changea le cours de sa vie et de sa poésie. À son arrivée, il s’approcha de la maison transformée pour l’occasion en hôpital et passa à coté « d’un tas de pieds, jambes, bras, mains, etc., amputés, en nombre suffisant pour remplir une charrette à cheval. » Cette image annonça ce que cette guerre allait produire d’amputés et à quel point elle priverait le pays d’une génération d’Américains. Ces morceaux de corps humains que Whitman vit, apparaissant telle une parodie grotesque de ses recueils poétiques qui célébraient la vie, influèrent sa façon d’appréhender la réalité et transformèrent radicalement sa poésie, celle écrite après 1860 — comme nous l’avons vu dans « Sans oublier le Million de morts, triste bilan » — au lieu de célébrer une identité, une nation, et le cosmos en expansion dans son chant résolument optimiste, il allait commencer à inventorier les morts en masse et les horribles blessures. Pour le poète du corps qui croyait que l’âme n’existait que lorsqu’elle pouvait s’incarner, que lorsque, dotée d’un corps, elle pouvait agir dans le monde — pour ce poète, la guerre était une attaque contre l’âme américaine, sacrifiant ou défigurant une generation d’Américains. Comment l’âme d'une génération pourrait-elle fonctionner sans jambes, le moyen même de locomotion, de déplacement dans le monde, ou sans mains et sans bras, le moyen de travailler dans le monde ?
À son grand soulagement, Whitman retrouva son frère George, atteint d’une plaie bénigne au visage. George allait guérir et prendre part à un grand nombre de batailles importantes de la guerre. Il obtint le grade de commandant et fut prisonnier de guerre à Danville, l’un des camps de prisonniers confédérés les plus notoires. Mais beaucoup des camarades de George furent gravement blessés dans la bataille de Fredericksburg, et Whitman commença à prendre soin d’eux pendant qu’il était au camp de son frère : « Je passe d’un cas à l’autre. Je n’ai pas l’impression de faire beaucoup de bien à ces blessés et mourants, mais je ne peux pas les abandonner. » En étant simplement assis à leurs côtés, en les touchant, en les tenant, il les a vraiment rencontrés, et quand Whitman prit le train de retour pour Washington, il voyagea parmi les blessés qui rejoignaient les hôpitaux de la capitale de la nation. Whitman saisit que bon nombre de ces soldats désiraient écrire des lettres à « leurs parents, leurs frères, leurs épouses, etc. » Dès lors il trouva sa vocation pour le reste de la guerre. Il renonça, d’un coup, à son projet de regagner New York et s’installa à Washington pour soigner les soldats blessés et mourants qui arrivaient là par vagues ininterrompues. « L’Amérique », écrivit-il à Ralph Waldo Emerson, était « déjà, en sa belle jeunesse, promise à l’hôpital » ; la capitale de la nation, ses édifices monumentaux (dont le Capitole lui-même, encore en construction) furent réquisitionnés et transformés en un vaste complexe hospitalier. Durant deux ans et demi, Whitman va occuper ces hôpitaux, prodiguant les soins aux soldats et du Nord et du Sud et de l’Est et de l’Ouest, aux soldats noirs aussi bien que blancs — à toute la diversité de la jeunesse de la nation amenée à l’hôpital qui, pour Whitman devint le noyau, le quartier général, de la guerre.
—EF
« En première ligne de bataille »
FALMOUTH, Virginie. Devant Fredericksburg, le 21 décembre, 1862. — J’ai commencé mes visites par les Hôpitaux du Camp de l’armée du Potomac. J’ai passé une bonne partie de la journée dans un grand manoir en briques, sur les rives du Rappahannock, utilisé comme Hôpital depuis la bataille — Il semble avoir seulement accueilli les cas les plus terribles. Dehors, au pied d’un arbre, à dix mètres de la maison, je remarque un tas de pieds, jambes, bras, mains, etc., amputés, en nombre suffisant pour remplir une charrette à cheval. Plusieurs cadavres se trouvent à proximité, chacun recouvert d’une couverture de laine brune. Dans la cour, vers la rivière, se trouvent des tombes fraîchement creusées pour des officiers principalement, leurs noms écrits sur des bouts de lattes de tonneaux-douves ou de planches brisées, plantés dans la boue. (La plupart de ces cadavres ont ensuite été embarqués et transportés vers le Nord près de leurs amis.) .......... Le grand manoir est très encombré, de bas en haut, tout est à vau-l'eau, sans aucune organisation, tout est assez mal fait, mais je n'ai aucun doute que c'est le mieux qui puisse être fait ; les blessures sont toutes très mauvaises, certaines affreuses, les hommes dans leurs vieux vêtements, sales et ensanglantés. Certains des blessés sont des soldats et des officiers rebelles, faits prisonniers. L’un d’entre eux, du Mississippi — un capitaine — durement blessé aux jambes, je lui ai parlé un certain temps ; il m’a demandé du papier, que je lui ai donné. (Je l’ai vu trois mois plus tard à Washington, avec sa jambe amputée, allant bien.) .......... Je suis allé dans les chambres, en bas et en haut. Certains des hommes étaient mourants. Je n’avais rien à donner, durant cette visite, mais j’ai écrit quelques lettres pour les membres de leurs familles, les mères, etc. J’ai aussi parlé à trois ou quatre d’entre eux, à ceux qui semblaient le plus ouverts et qui en avaient le plus besoin.
(Concernant Falmouth et Rappahannock, tout est calme à présent, même si, il y a environ une semaine, tout était brûlant. La terre n'a probablement jamais connu un tel tremblement, même déclenché, ni l'air autant tonné, que durant cette aube de l'hiver, il y a huit ou neuf jours quand le général Burnside ordonna à toutes les batteries de l'armée de se rassembler pour bombarder Frederickburg. Ce fut, en quelque sorte, le spectacle le plus magnifique, le plus terrible, tout au long de la Guerre, l’importance du vacarme y jouant un rôle certain. Le silence absolu de la nuit qui se meurt fut soudain brisé par le premier coup de feu, et, en un instant, tonnerres, petits et grands, grondèrent à l'unisson, sans relâche, des heures durant.)
« Après la Première bataille de Fredericksburg »
Du 23 au 31 décembre . — Les dégâts d'après combats sont omniprésents, ici, avec des milliers de cas, (c'est par centaines qu'on meurt chaque jour), dans le Camp, au sein de la Brigade, et dans les Hôpitaux de Division. Partout, des tentes en très mauvais état, au sol gisent des blessés, chanceux si leurs couvertures se trouvent sur des couches en pin ou tissés de brindilles de sapin-ciguë ou constituées de petites feuilles. Pas de lits de camp ; rares sont les matelas. Il fait assez froid. Le sol est gelé en profondeur, et il neige aussi parfois. Je passe d’un cas à l’autre. Je n’ai pas l’impression de faire beaucoup de bien, mais je ne peux pas les abandonner. De temps en temps un jeune homme s’accroche à moi convulsivement, et je fais ce que je peux pour lui ; quoiqu'il en soit, je reste avec lui et m'assoie à ses côtés pendant des heures, s’il le souhaite.
Outre les hôpitaux, je sillonne les camps pour parler aux hommes, etc., et la nuit aussi, parfois, je rends visite à des groupes réunis autour des feux, ou vais les retrouver dans leurs abris bordés de buissons. Ce sont des scènes curieuses, truffées de personnages, de groupes. Très rapidement, j'ai fait la connaissance d’officiers, d’hommes dans ces camps, et je me rends toujours utile. Avec les régiments que je connais le mieux, il m'arrive aussi de les rejoindre lors de leurs détachements ....... Vu les circonstances, l’armée semble bien rationnée en ce moment , et ses hommes ont même droit, ici, au porc salé et aux biscuits secs ; La plupart des régiments sont logés dans des tentes de fortune. Certains se sont construits des cabanes en rondins et en boue, munies de cheminées.
« Retour à Washington »
WASHINGTON, Janvier, '63. J’ai quitté le camp de Falmouth, avec des blessés, il y a quelques jours, et suis arrivé ici par le chemin de fer Aquia Creek, et ensuite à bord d’un paquebot du Gouvernement le long du Potomac. Beaucoup de blessés étaient avec nous dans les voitures et sur les bateaux. Les voitures étaient de simples wagons. Le voyage en chemin de fer, de dix ou douze miles, s'est déroulé en grande partie avant le lever du soleil. Les soldats qui surveillaient la route sont sortis de leurs tentes ou huttes en buissons, les cheveux ébouriffés et le regard encore ensommeillé. Ceux, en poste de garde, faisaient leurs tournées, d’autres sur les rives nous surplomblaient, d’autres encore se trouvaient bien en contrebas de la voie ferrée. Je vis d’importants régiments de cavalerie en dehors des chemins. À l’arrivée à Aquia Creek de nombreux blessés allaient vers le nord. Durant mon attente d’environ trois heures, je suis allé les voir. Plusieurs voulaient envoyer des petits mots à leurs parents, frères, épouses, etc., chose que je fis pour eux, (le lendemain de Washington, par courrier). Sur le bateau, j’étais débordé. Un pauvre homme est mort en route.
Maintenant, j’habite Washington et ses environs et je visite, chaque jour, les hôpitaux. Je suis souvent à l’Office des brevets, à Eighth street, H Street, Armory Square et d’autres endroits. Je suis maintenant capable de faire un peu de bien, ayant de l’argent, (en tant qu’aumônier de la maison des autres), et j’acquiers de l’expérience ........ Aujourd’hui, dimanche après-midi et jusqu’à neuf heures du soir, j’ai visité l’hôpital Campbell ; j’ai spécialement porté assistance à un cas dans la Garde 1 ; particulièrement atteint d’une pleurésie et de la fièvre typhoïde ; un jeune homme, fils de fermier, DF Russell, Compagnie E, soixantième de New York ; découragé et faible ; un long temps avant qu’il ne montre quelque intérêt ; j’ai écrit une lettre à sa mère, qui vit à Malone, Franklin County, État de New York, à sa demande ; je lui ai donné quelques fruits et un ou deux autres cadeaux ; j’ai mis une lettre sous envelope, ai écrit l’adresse, etc. Puis je suis allé partout au sein de la Garde 6 ; j’ai observé tous les cas de la Garde, sans en manquer un seul, je pense ; À vingt ou trente personnes environ, j’ai distribué un petit cadeau à chacun : oranges, pommes, crackers sucrés, figues, etc.
Jeudi, 21 janvier . — J’ai passé la majeure partie de la journée à l’hôpital Armory Square ; j’ai parcouru à fond les Gardes F, G, H et I ; une cinquantaine de cas dans chaque Garde. Dans la Garde F, j’ai fourni à tous les hommes du papier à écrire et des enveloppes timbrées ; j’ai distribué, en petites portions, aux personnes qui en avaient besoin, un grand pot de confitures de premier choix aux fruits rouges, qui m’avaient été données par une dame — faites maison. J’ai sélectionné plusieurs cas que j’ai considérés comme de bons sujets pour recevoir des petites sommes d’argent, que j’ai fournies. (Les blessés arrivent souvent sans le sou, et même la petite somme que je leur donne leur remonte le moral.) Je n’ai plus de papier ni d’enveloppes, mais j'ai donné beaucoup de choses amusantes à lire ; et aussi, quand je le pensais judicieux, du tabac, des oranges, des pommes, etc. Des cas intéressants à la Garde I ; Charles Miller, lit n° 19, Compagnie D, cinquante-troisième de Pennsylvanie, a seulement seize ans, très intelligent, garçon courageux, la jambe gauche amputée sous le genou ; dans le lit d’à côté, un autre jeune garçon très malade ; je leur ai donné à chacun des cadeaux bien choisis. Dans le lit au-dessus, également, un amputé de la jambe gauche ; je lui a donné un petit pot de framboises ; lit n° 1, cette Garde, lui ai donné une petite somme ; également à un soldat munis de béquilles, assis sur son lit à côté ....... (Je suis de plus en plus surpris de la très grande proportion de jeunes hommes de quinze à vingt-et-un ans dans l’armée. J’en ai par la suite trouvé encore plus parmi les Sudistes.)
Soirée, le même jour, je suis allé voir DFR, que j’avais mentionné auparavant ; l’ai trouvé remarquablement changé en mieux ; levé et habillé — quelle victoire ; par la suite s’est remis et a regagné son régiment ......... J’ai distribué dans les salles de Garde une quantité de papier et quarante à cinquante enveloppes timbrées, de mes réserves, et dont les hommes avaient vraiment besoin.
Postface
« Trop vieux pour porter les armes et combattre comme les autres », écrit Zbigniew Herbert dans « Rapport de la ville assiégée », un poème critique de la période de Solidarité en Pologne, « ils m’ont gracieusement donné le rôle de chroniqueur de second choix / Je fournis un portrait de l’histoire du siège — je ne sais pour qui. ».Telle était la position dans laquelle Whitman se trouvait au début de la guerre de Sécession, et dans ces extraits des Mémorandums de la guerre, nous le voyons découvrir sa vocation pour la guerre — prenant soin des soldats blessés et agonisants, qu'ils soient du Nord ou du Sud, leur distribuant des cadeaux, relatant les rencontres qu'il faisait. « Je suis maintenant capable de faire un peu de bien », écrivit-il suite à ses visites quotidiennes dans les hôpitaux de la région de Washington, où « les hommes étaient vraiment dans le besoin », et dans son nouveau rôle d’aumônier, alors qu’il leur distribuait de l’argent et de la nourriture, des feuilles de papier et des enveloppes timbrées, il témoigna des conséquences de la guerre, ayant acquis l'expérience requise pour écrire à propos de ce thème et de façon originale.
« La vraie guerre ne se lira jamais dans les livres », écrivit Whitman, mais en réalité, elle lui inspirera une importante chronique nourrie de toute l’exigence de son regard. La fonction première de la littérature réside dans le talent de suggérer les contours d’un événement, d’engager l’imagination du lecteur vers une approximation de la réalité — qui en rien, bien évidemment, n'est la copie conforme de ce qui se passa sur le champ de bataille, à l’intérieur des salles d’hôpitaux, ou ailleurs ; le rapport d’une absolue fidélité du panorama émotionnel, physique, politique, social ou encore spirituel, de chaque instant, est tout simplement impossible et à fortiori quand les événements s’intéressent en grande partie aux bouleversements de civilisation, telle la guerre de Sécession ; de nombreux livres parlant de ce thème sont encore publiés même cinquante ans plus tard. Elle demeure un précieux filon à exploiter pour les poètes et les écrivains, les historiens et les universitaires, comme Whitman lui même l’avait peut-être présagé. « Chaque ligne, chaque griffonnage, chaque mémorandum, a son histoire », écrivit-il s’inspirant des notes qu’il avait su rassembler, et dont certaines étaient tachées de sang. « Un serrement de cœur tel, une tragédie si profonde qu’aucun poète ne saura jamais les traduire. De ces guerres, naissent des entités qui respirent » — les morts de longue date nourrissent encore la littérature américaine, la culture, et la mythologie aussi.
L’impact sonore et visuel influèrent différemment sur les deux crises, et personnelle et politique, de Whitman et en définirent l'œuvre. Sa foisonnante poésie habillée de musique en toute occasion — les versets du fameux « Chant de moi-même » conçus bien avant la guerre de Sécession et dans le but de pouvoir rêver un cosmos rassemblé — ont cédé la place à des images de carnage qui accaparèrent son être durant son voyage au cœur sombre de l’Amérique. Les images qui pigmentent ses écrits, durant la guerre et après, sous l’influence de la nouvelle forme d’art qu’est la photographie, furent , à coup sûr, déterminantes pour le devenir de la littérature américaine aussi bien que pour les vrombissantes cadences de l’édition originale qui proposa Feuilles d’herbe. Il nous a appris à entendre et à voir avec un œil neuf, car ce qu’il entendit et vit, alors qu'il se trouvait parmi les groupes de soldats blottis autour d’un feu de camp, à leur coté dans les trains, sur les bateaux, et dans les hôpitaux, déclenche « un assaut de scènes variées durant la journée et la nuit aussi — les dégâts occasionnés et conséquents sur les champs et les camps », qui changèrent à jamais le monde.
—CM
Question
La plupart des histoires de guerres se focalisent sur les champs de bataille — sur les vainqueurs et les vaincus, le terrain gagné et le terrain perdu, sur les tactiques et les manœuvres militaires. Dès qu'un blessé ou un mourant est transporté hors du champ de bataille pour être envoyé à l'hôpital militaire, il ne fait plus partie de l’histoire de cette guerre telle qu'on a coutume de la connaître. Quelles conséquences a entraînées le choix de Whitman à concentrer ses récits de guerre en privilégiant l’histoire des hôpitaux ? Quelles réactions aurions-nous face à ces guerres et de quelle nature seraient nos souvenirs si les récits parlaient autant des hôpitaux que des champs de bataille ? Quel type de narration aurions-nous de la guerre, si le point de vue choisi était celui des soldats dans les services hospitaliers ?
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